H O R I Z O N
Association culturelle et artistique
TEXTES DES LAUREATS
DU GRAND PRIX DE POESIE 2011
DE LA VILLE D’AIX EN PROVENCE
Monsieur André PELISSERO , La Destrousse, dans les Bouches-du-Rhône, pour « Quel est le destin de la rime ? » et « il partage sa cigarette » en Poésie Classique, « La belle Andalouse » en Poésie néo-classique.
QUEL EST LE DESTIN DE LA RIME ? Ballade
A l’heure où l’on parle musique,
Libre pensée, engagement,
Les règles de l’art poétique
Subissent un sort infamant.
Boileau, hors de son firmament,
Dans son cercueil, aigri, déprime
Et se lamente amèrement :
-« Quel est le destin de la rime ?»
Bannissant toute arithmétique,
Les uns vont en s’accoutumant
De mots mis en ordre éclectique
Pour occulter leur dénuement.
Certains plongent, impudemment,
Dans un jargon, fleurant le crime,
Sans se dire, en leur reniement :
-« Quel est le destin de la rime ?»
Amoureux de la rhétorique,
D’autres avec acharnement
Traque l’hiatus impudique
Et la syllabe en supplément.
Leur âme, avec ravissement,
En jolis vers, toujours, s’exprime
Mais se demande gravement :
-« Quel est le destin de la rime ?»
Envoi
Muse ! Acceptes-tu, sans tourment,
Qu’on la bafoue ou la supprime ?
Comment vois-tu, sereinement,
Quel est le destin de la rime ?
IL PARTAGE SA CIGARETTE Rondel Monsieur André PELISSERO
Il partage sa cigarette
Avec le souffle du Mistral
Car pour conserver le moral
Il ne lâche sa chaufferette.
Quand le harcèle l’amourette
Pour son paquet de Caporal,
Il partage sa cigarette
Avec le souffle du Mistral.
Dût-il coiffer une barrette,
Boire un sirop expectoral,
Dans l’affreux besoin viscéral,
Assis, à l’air, sur la murette,
Il partage sa cigarette !
Monsieur André PELISSERO
LA BELLE ANDALOUSE
Perle du sud, ville Andalouse,
On vante dans tout le ponant
La richesse que me jalouse,
Entre autres, le Roi Ferdinand.
J’avais, bien avant la conquête,
La prestance du matador
Dans l’écrin d’une âme coquette,
Par ses amants, couverte d’or.
Suis-je fantôme ou reine morte
D’un pays, jadis, enjôleur
Où libère sa senteur forte
Des orangers la chaste fleur ?
Quand me parvient cette fragrance
Mon âme s’évade, soudain,
Au pays de l’exubérance
Où l’on danse en frappant des mains.
Et mon cœur de gitane altière
Qu’amour et sang font prospérer
S’est mis à se perdre en prières
Quand j’ai vu Boabdil pleurer.
Depuis ce jour, prés des fontaines
Où chante l’eau de la Sierra,
Le passant découvre, avec peine,
Le sort de l’Alhambra.
Poésie Classique Prix Roi René
Monsieur Dominique SIMONET, de Bocé dans le Maine-et-Loire, pour « Tsunami » .
TSUNAMI
Un tremblement de terre, au centre du Japon,
Va changer l’avenir et la face du monde.
Dans les jardins fleuris de ce pays nippon
Rien n’est calme et serein, ni la montagne ou l’onde.
Combien seront manquants au moment des adieux ?
Le nucléaire où l’eau n’ont pas la moindre porte,
Les flots et les rayons frappent jeunes et vieux,
Un tsunami prend l’homme en fétu, puis l’emporte.
Ce peuple a tout connu, par la guerre ou la paix :
Grandeur, éclat, souffrance et la bombe atomique,
Courage et dignité, la mort, tous ses aspects,
Le progrès infernal d’une ère économique.
Sous le regard brûlant du mont Fuji Yama
Qui retient des sanglots de cendres et de neige,
S’étend la mégalopole et son panorama,
Le vent tourne la vie à l’immense manège.
Sur l’orgueilleux empire au beau soleil levant,
Peignant à ses drapeaux le fleur du chrysanthème,
Vole une libellule, un symbole vivant…
Qui pourrait, aujourd’hui, lui jeter l’anathème ?
Chaque printemps fait naître un cerisier en fleurs
Et donnera toujours un rêve en paysage,
A demain, tout tremblant, l’espoir et ses couleurs,
A l’enfant du futur, un sourire au visage.
Poésie Classique Prix Mirabeau
Madame Eliane ESNEU-BOUTRUCHE, de St Martin des Champs, dans la Manche, pour « Le Taillandier »
LE TAILLANDIER
L’être entouré d’outils, dans la forge s’affaire,
Ceint d’un grand tablier qu’est celui du sapeur,
Devant le four cuisant, l’homme est à son affaire,
Du feu, de l’arme blanche, il n’a jamais eu peur..
Les yeux remplis de joie, il contemple la flamme
En ranimant la braise avec son long soufflet,
Blanchit, tape, polit puis affûte la lame
Qui rêve de combats sous son plus doux reflet.
Le maître ouvrier frappe avec grande énergie,
Les étincelles d’or dansent dans l’atelier,
Sous les dix mille coups, le métal, par magie,
Devient un joli sabre aux mains du chevalier.
Il façonne avec grâce une pointe de flèche,
Travaille avec amour le glaive ou le fleuret,
Un superbe joyau que l’élégance allèche,
Fierté de l’escrimeur, du vainqueur guilleret.
Il connaît les récits, les grandes épopées,
Le fameux forgeron, le brave taillandier
Il en a vu sortir des couteaux, des épées,
De célèbres tranchants, gloire d’hallebardier.
L’artisan de renom garde le privilège
D’entrer dans une église, assis sur son cheval,
Pour port de sabre en ville il a reçu l’aval,
C’est, au sommet de l’art, comme un beau florilège.
Poésie Classique Prix Sextius
Madame Lucienne VINCENT, d’Aix en Provence, dans les Bouches-du-Rhône, pour « La mer ».
LA MER
La mer déferle sur la grève
Avec ferveur, à grands galops !
Le ciel se mire dans les flots
Dont l’ample voix vibre sans trêve !
Au bord du sable où l’onde crève
Une oraison meurt en sanglots !
La mer déferle sur la grève
Avec ferveur, à grands galops !
D’un feu lointain, la lueur brève
Fait scintiller de fins grelots !
D’une humble nef, deux matelots
Lancent leur chant qu’inspire un rêve !
La mer déferle sur la grève !
Prix Rotonde
Monsieur Jean-Pierre MICHEL , de Jouy le Moutier dans le Val d’Oise, pour « Sur la page des jours ».
SUR LA PAGE DES JOURS
Il est des mots écrits à l’encre d’amertume
Quand les larmes font mal aux instants chavirés
Comme une âpre blessure aux rêves déchirés
Sur les brisants du temps où vient mourir l’écume.
Il est des mots soyeux sur les lèvres du jour
Que posent les matins comme un ruban d’aurore
A l’heure où les parfums s’enlacent sur la flore
Tel un baiser offert aux ailes de l’amour.
Il est des mots cueillis au silence des branches
Où les vers du poète ont la saveur du miel
Quand la fleur de rosée aux tons de l’arc en ciel
Devient la source vive où la plume s’épanche.
Poésie régulière contemporaine et néoclassique Prix Quatre Dauphins
Monsieur Guy le HULUDUT, de Vertou en Loire-Atlantique, pour « « Aussi heureux que fier ».
AUSSI HEUREUX QUE FIER
Jusqu’à n’en plus finir d’aimer aimer encor
Plus qu’il n’est de raison
Je me ferai pour Toi César Imperator
Ou quelque autre Jason
T’offrant l’âme et le cœur pour Toison d’or
Ses bras comme prison
Ou si tel est ton vœux serai conquistador
Pour que chaque saison
Te sois joliment belle ainsi qu’en messidor !
J’aimerais tant pouvoir t’offrir des paradis
Que nul n’a découverts
Et croquer avec Toi tous les fruits interdits
De ce vaste univers
Sans crainte aucunement d’être à jamais maudits
Par un dieu si pervers
Qu’il ferait les beaux jours à jamais enlaidis !
Je t’ai déjà fiché ma sagette d’amour
Avec un arc-en-ciel
Alors que se levait un tendre petit jour
Eclaboussant de miel
L’horizon embrumé sous le premier labour !
Je veux que le demain soit semblable à l’hier
Et marcher près de Toi
Sans cacher que je suis aussi heureux que fier !
Poésie régulière contemporaine et néoclassique PrixFontaine d’Argent
Monsieur René F. BAUDOIN, de Châteauneuf le Rouge dans les Bouches du Rhône, pour
«Le temps qui passe».
LE TEMPS QUI PASSE
Insensible, cruel, le temps est notre maître ;
Rien ne vient le troubler-même l’influencer.
Nul ici-bas ne peut vivre sans se soumettre
A ce temps mystérieux qui ne fait que passer…
Il passe indifférent à nos joies, à nos peines.
Imbu de son pouvoir suprême, incontesté ;
Immuable, éternel, constant quoi qu’il advienne,
Il demeure, entre nous, la seule égalité.
Serviteur de Dieu seul, il règne sur le monde,
Comme lui invisible et comme lui présent ;
Chacun doit s’adapter, seconde après seconde,
Que l’on soit riche, heureux, misérable ou puisant.
L’homme, pour le dompter, a fractionné ce temps
En minute, heure et jour, semaine, mois, année ;
Cette contrainte-la consentie, pour autant
Est-ce une liberté que l’on a condamnée ?
Rien se ne serait pareil si, brisant son emprise
Nous disposions du temps à notre volonté :
Tout deviendrait vénal et la Terre Promise
Ne serait qu’un enfer sans loi ni probité.
Le temps n’est rien sans nous, sa présence est sans âme,
Sa mémoire est fantasque et ses verdicts surfaits !
Mais il est ce qu’il est : qu’on l’admire ou qu’on le blâme
Sa valeur ne dépend que de ce qu’on en fait.
Poésie Libérée Prix Sainte Victoire
Madame Marie-José BERTAUX , de Mons dans la Haute-Garonne, pour « Mystère des mots ».
MYSTERE DES MOTS
Mystère des mots cherchant la bouche.
Aveugles-nés, l’ombre les forme ; la nuit façonne longuement les prétendants à la parole.
Et les voici errant de cœur en cerveau, butant aux valves, des circonvolutions à tâtons espérant croiser l’issue.
Qui les guide ? Qui marque les élus ? Qui renvoie dans les limbes de l’être celui-ci trop râpeux, cet autre arrogant, extravagant, et le terne, et le malingre, et le trop neuf sans échos, avec les galvaudés ou les rancis dans la crasse des siècles et nos bavardages ?
Qui sait pourquoi celui-ci soudain s’anime, haleur d’inattendu, d’inentendu, chalut raclant des fonds de l’âme d’obliques madrépores, d’improbables inflorescences ?
Qui dirait comment il se gorge de sang et d’air, à quel instant il emplit d’une saveur flatteuse le palais, par quelles notes il comble le désir informe de l’oreille ? Qui comprend d’où lui vient la puissance d’enfin donner corps et vie à la chimère qu’on poursuit ?
Et qui admire quelle évidence le dépose, parfaitement adéquat dans son étrangeté première, au bord des lèvres, au fil de l’encre, cependant qu’affleure alentour le puzzle des pensées ignorées ?
Poésie Libérée Prix de Luynes
Madame Danielle DRAB, La Chapelle sous Chaux, dans le territoire de Belfort, pour « Les deux sœurs ».
LES DEUX SŒURS
Je lui ai envoyé
Ma lettre samedi
Elle ne la lira pas.
Nous n’irons plus au bal
Nos étés sont finis.
Plus jamais côte à côte
Les matins et les soirs
Les fins d’après-midi
Les veilles et le sommeil,
Plus jamais nos départs
Plus jamais nos retours.
Plus jamais moi l’ainée
Et toi la plus petite
Nos deux têtes bouclées
A l’heure des secrets,
Des émois partagés
Et des bonheurs mêlés.
Plus jamais nos enfances
Nos enfances nouées.
Nous n’irons plus au bal
De nos tendres années
Nos étés sont finis
Et nos dimanches aussi.
Poésie Libérée Prix Vauvenargues
Monsieur Alain PODEVIN, de Rivière, dans le Pas-de-Calais, pour « Au manoir de l’automne ».
AU MANOIR DE L’AUTOMNE
Dans son vaste fief de brume
Que blasonne un flamboyant nonchaloir,
Savez-vous que l’automne
Est le riche manoir que hantent les regrets de l’été vaincu,
Dont les tour capitonnées de nostalgie
Se mirent en de profondes douves coassantes de mélancolie ?
Au secret du donjon
Fleurant bon l’humus du temps
Où la lumière en souffrance
Décoche de sublimes fulgurances,
Il bat des écus d’or et moult sols de bronze
Qu’il distribuera aux futaies en guenilles.
Juchés dans leurs vertigineuses échaugettes,
Les corbeaux de vigie, sanglés dans leurs justaucorps de jais,
Eraillent de leurs complaintes de soudards avinés
Le silence cuivré des halliers assoupis
Où les bourrasques égrappent des poignées d’oiseaux ébouriffés.
Et lorsque décembre décochera ses pertuisanes de froidure
Sur ses courtines givrées de solitude
Il refermera alors pont-levis et poternes
Dans un long grincement de gonds rouillés
Afin de se pelotonner dans une jonchée de rêves multicolores.
Prix « Henri-Bernard ABRAN » Jeunes Poètes de 13 à 15 ans
Monsieur Benjamin ARROUAS d’Aix en Provence, dans les Bouches-du-Rhône, pour « La pieuvre ».
Egarée au milieu de l’onde lisse et noire
De l’océan Indien, par la chaude saison,
Cherchant vers les abysses, en guise de maison,
Le sein de quelque écueil aux zébrures d’ivoire,
Lentement, par à-coups, la pieuvre dérisoire
Aspire à son salut, quand, de la garnison,
Le sinistre gréement déchire l’horizon,
Signant de son chalut le funèbre grimoire.
Poète ! Toi aussi, lorsque loin de la rive,
Le navire sournois vers toi penche et dérive,
Et que les flots bourbeux commencent à gronder,
Dans ta prison de corde, encerclé par les chancres,
De tes larmes séchées, tu laisses s’évader,
Comme un ultime souffle, un dernier filet d’encres.
Prix « Petit Prince » Jeunes Poètes de moins de 13 ans
Mademoiselle Julie MOREAU , d’Aix en Provence, Dans les Bouches du Rhône, pour «Printemps ».
Quand la nature s’éveille,
Quand le soleil se lève,
Quand butinent les abeilles,
Quand les oiseaux s’élèvent,
Quand on les voit tourbillonner,
Quand on entend leur chant,
Ca veut dire que c’est le printemps !