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10 janvier 2020 5 10 /01 /janvier /2020 17:41

Poésie Libérée

                                               Prix Sainte Victoire  

Mademoiselle Isabelle ADLER, de Pont-Audemer dans l’Eure, pour

 

                                 A mon frère 

 

       J’avais dix ans et je le regardais partir ;

     Je lui offrais des larmes en guise d’adieu.

           Lui, si fier de se sentir un homme

  Ignora ces diamants qui inondaient mes yeux.

          La folie l’emportait sur la raison,

        Même ma mère ne fit pas un geste

         Pour retenir celui qui hier encore

         Courait à la chasse aux papillons.

Mon frère ! Ta chaise est vide et l’on mange en silence.

           Qui coupera ma pomme en étoile ?

         Je t’en veux d’avoir déserté la place

             Pour servir de folles chimères,

                 Ils ont déjà pris le père.

 Ne savais-tu pas que les loups dévorent les enfants ?

              Tu avais promis de me protéger,

                  Une promesse, c’est sacré !

     Il nous faut un parfum d’homme à la maison ;

          Ta lèvre coupée et ton front boudeur

             Qui me faisait rire chaque matin ;

             Alors tu me chipais ma tartine

          Et je te poursuivais dans la cuisine

    Jusqu’à ce que maman nous rappelle à l’ordre.

    Mon frère, quelle idée là de s’en aller mourir

             Pour obéir à l’immonde trompeur.

                Chaque soir la mère pleure ;

      Je veux me souvenir de nos contes de fées

                  Mais je suis une princesse

         Qui ne pourra jamais plus se réveiller.

 

 

 

 

                                               Prix de Luynes   

Monsieur Daniel GLIZE, de Roquevaire  dans les Bouches-du-Rhône, pour

 

                  Etre grave ou aigu 

 

Tir2e de l’encrier, la plume s’est activée à poser sur papier

Les mots imaginés, écrivant une histoire.

Dans son excitation de presser son allure,

La pointe fit un faux-pas

Et l’encre gicla en petites trainées,

Se plaçant au hasard sur des lettres muettes.

 

Le E  fut étonné de prendre de la voix grâce à ces traits courbés,

Ceux qui furent primés se gargarisèrent en timbres singuliers.

 

Mais, la cacophonie se mit à apparaître

De leur inclinaison de vivre en opposé

         Vers l’avant

                                 Ou

                                               Vers l’arrière

 

La discorde s’amplifia par leurs tons affirmés

Où un accent parut grave et plus sévère    pour l’un

Plus aigu et plus léger                                pour l’autre

 

Depuis, ils vivent en opposé,

Bataillant dans les phrases pour prendre le dessus.

Réussissant parfois à se trouver

En paix

En étant côte à côte

Dans une même fête

 

                                               éêè

 

 

 

 

                                               Prix Vauvenargues

Monsieur Philippe PAUTHONIER, de Montereau Sur Le Jard, en Seine et Marne, pour

 

               Mon frère 

 

Il repose désormais sous terre.

Pour lui, le glas n’a pas retenti.

C’était un enterrement sous la pluie

Avec un vieux prêtre et son bréviaire.

Je suis allé aux obsèques, ce matin,

D’un homme que je n’avais jamais vu,

D’un étranger, d’un illustre inconnu.

Pourtant, avec mon bouquet de jasmin,

J’étais à ses côtés pour sa mise en terre,

Pour son âme, j’ai égrené quelques prières…

Dimanche, le prêtre dans son homélie

Avait sollicité quelques volontaires

Pour accompagner cette personne sans amis

Jusqu’à sa modeste tombe au cimetière.

Ce matin, devant son cercueil en bois clair,

J’ai cru dire adieu à mon frère…

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