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10 janvier 2020 5 10 /01 /janvier /2020 17:42
Poésie régulière contemporaine et néoclassique

                                               Prix Rotonde    

Madame Claudine GUICHENEY, de Langon en Gironde, pour

 

                                   Au bois joli 

 

J’ai promené mes pas sur les sentes sauvages

Entre les châtaigniers, les sapins résineux

Aux confins d’un sous-bois isolé des rivages

Naissent des champignons dans un coin sablonneux…

 

Ils chantent, les oiseaux, dans ce lieu sans clôture

Gratouillant le lichen pour déloger les vers

La chouette se cache au cœur de la nature

Et l’écureuil sautille en ce bel univers.

 

D’impalpables reflets irisent de lumière,

Le lierre qui s’enroule autour d’un tronc moussu,

Des bruissements sourds résonnent en clairière

Quand le chevreuil craintif détale à notre insu.

 

Cet écrin forestier maquillait l’amourette !

L’écho du souvenir taquine ma raison

Faisant trembler ma plume à l’encre guillerette

Pour bavarder un peu d’une arrière-saison…

 

Du baiser enjôleur, j’ai connu l’ambroisie

En toute liberté sans aucun cadenas

A l’intime câlin, tout semblait poésie

Taisez ma confidence et ne me jugez pas !

 

 

 

                                                                           Prix Quatre Dauphins   

Monsieur Paul BOISSELEAU, de Saint Martin des Noyers, en Vendée, pour

 

                                    Canicule 

 

L’ombre épaisse protège autant qu’en son pouvoir,

      Insuffisant effort pour un simple bien-être,

     Le moindre pore expire où la chaleur pénètre

En trop plein de soleil qui porte à s’émouvoir.

 

L’impudique se meurt sous le joug du supplice,

     Comme feuille d’hiver à l’aquilon venu,

      Le tissu virevolte et sur son torse nu,

Resplendit sous mes yeux le plus troublant délice.

 

    Que j’aimerais flatter ces sublimes trésors !

Dont l’attaque du temps n’a pas freiné l’audace,

    Merveille d’arrogance au pays de la grâce,

    Que je convoite plus que Séville et ses ors.

 

    Heureux le coton fin qui subit le voyage,

 Menaçant de s’ouvrir sous les assauts cruels

De ces dards venimeux, aux charmes sensuels ;

  O, misère des sens pour les appas sans âge !

 

  L’ambre de ces bijoux taillés de noble chair,

    Rutile hors de l’écrin où l’enferme la vie,

    La précieuse pierre affronte mon envie

D’un hommage lascif au chef d’œuvre si cher.

 

 

 

et       « Aux portes de demain ».

 

        Elle n’a jamais vu si près de son visage,

La bouche et ses mots doux, ni les yeux d’un garçon ;

    L’atmosphère entretient le voile du soupçon

    De l’insolent désir qu’elle craint et présage.

 

   Du port de son enfance, incomparable abri,

    L’horizon se bornait aux pieds de la jetée,

Sans frayeur des grands vents ni d’onde projetée

      Du perfide ressac dans un ciel assombri.

 

    Sa barque vulnérable ignore la tempête,

  Elle pressent la vague attendrir son esquif,

  Croyant la haute mer, dans un calcul naïf,

  Aussi drôle qu’un jeu sur sa jeune planète.

 

 Elle éprouve tangage et roulis dans les creux,

  Qui soulèvent le cœur en tornade soudaine ;

   La mâture tient bon des focs à la misaine,

La tourmente s’apaise en sauvetage heureux…

 

     Griserie inconnue et franche découverte,

   Un ciel bleu se dégage aux rayons de soleil,

     Elle se plait à vivre un surprenant réveil,

   Le grand large l’appelle, à l’avenir offerte.

 

     Elle sait à cette heure en son âme et sa chair

     Qu’elle vient de trouver sa profonde nature,

     L’inconnu lui sourit pour suivre l’aventure,

Des lendemains brillants, pour son vœu le plus cher.

 

 

 

 

 

                                               Prix Fontaine d’Argent   

Mademoiselle Marie-Alberte CHANAY, de Montalieu-Vercieu, en Isère, pour

 

                       Mémoires d’un jardin  

                      (Le jardin du Luxembourg)

 

Il me souvient ce jour de mes amours premières,

Quand Rousseau méditait à l’ombre des pruniers,

Prophète en mon domaine au siècle des Lumières,

  Il posait sur mon front ses beaux vers matiniers.

 

         Marie de Médicis a serti ma beauté

   D’une fraîche fontaine où baignent des jaunets,

    Le couple frissonnant d’Acis et Galathée,

    Sous ses mille falots y dort à tout jamais.

 

   Puis lorsqu’une Vénus, fière anadyomène,

 Offre au « faune dansant » l’innocente candeur

 De son corps langoureux et ses yeux de Chimène,

    Même Vulcain, séduit, en perd de son ardeur.

 

 Je suis la souvenance, et sur mes bancs de pierre,

     Les orchis et la rose inondent de parfum

      Le désir assouvi d’une belle Cythère,

  Et réveillent le cœur de quelque amour défunt.

 

    Parfois, près d’un Watteau souriant et chétif,

   A la vesprée on voit l’astre, en sa flavescence,

 Poudrer d’ambre et de musc la robe des massifs,

     Et la nuit me draper de sa concupiscence.

 

  Quand le dernier passant a fait choir ma vêture,

   J’embarque sur le pont d’un étrange vaisseau,

     Comme soudainement pris d’une calenture,

Je me noie pour toujours dans les bras de Rousseau.

 

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